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29/03/2014

Le Féericologue (Journal d’un Chasseur de Fées)

http://lefeericologue.blogspot.fr/

 

Fans de Vincenot, Seignolle ou Machen, voyageurs ayant visa permanent pour les Terres du Rêve et les royaumes de Féérie, amis et amies du « Petit Peuple »… vous qui, comme nous, n’avez jamais oublié ces chemins de mystères où savent si bien nous mener nos âme d’enfant… ne manquez pas de rendre visite au « Féericologue (Journal d’un Chasseur de Fées) », le blog d'Hervé Thiry-Duval… le conteur amoureux de ces « monstres et merveilles » qui vivent au quotidien parmi nos ombres.

 

Morceau choisi :  

 

C’était il y a quelques années. Un beau soir de fin été.  Peu à peu les oiseaux d’alentour avaient finit de se souhaiter une bonne nuit. Un doux silence régnait maintenant sur la campagne.  Il faisait bon. Les infatigables grillons nocturnes ne s’étaient pas encore mis à chanter. Les premières étoiles apparaissaient dans le ciel bleu sombre pour y dessiner des constellations qu’on n’avait encore jamais remarqué. Un tout petit vent léger parfumait l’air de senteurs sucrées. Ça sentait le miel et la framboise.  Par un soir pareil, personne n’avait envie de s’enfermer dans une maison. Personne n’avait envie d’aller dormir, de peur que demain la vie semble moins belle. Moins vivante. C’était il y a quelques années.  Aux temps des grandes vacances. Du farniente. Un de ces soirs terrestres qui nous fait croire aux douceurs du paradis.

Un de ces soirs magiques qu’on aimerait pouvoir vivre éternellement.

Comme tous les autres habitants de la région, François Frechard profitait de ces instants si précieux. Pour tout vous dire, c’était bien rare qu’il délaisse sa télévision mais cette fois-là même lui avait sentit que c’était un soir d’été à ne pas rater. Assis sur un vieux banc de pierre devant sa maison, il contemplait en solitaire les derniers feux du soleil qui se couchait derrière les collines. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait assisté à quelque chose d’aussi merveilleux. François Frechard resta encore un bon moment sur son banc  à rêvasser. Et puis, il  allait tout de même se décider à rentrer chez lui quand son regard se posa sur le grand champ qui faisait face à sa maison.

Là,  imperceptiblement une sorte de fumée est apparut. Une fumée verte s’est dressée au beau milieu de cette grande prairie d’herbes sauvages. Elle s’est mise à danser, presque certaine de pas être vu. Pourtant François Frechard  l’observait. Il la mangeait du regard. C’était si inattendu, si surprenant. Il n’avait jamais vu une chose comme çà. Même dans sa télévision. En dansant cette drôle de fumée prenait de vagues formes féminines. C’est alors que la fumée verte a augmenté la dose d’extraordinaire. Dans l’air du soir, elle a tout doucement murmuré : François… François… en entendant son prénom l’homme s’est levé de son banc comme un automate.  L’air encore plus ahuri qu’à l’ordinaire, François a commencé à se diriger vers la prairie. Là où de l’incroyable l’appelait.

C’était il y a quelques années. Un beau soir de fin été. Dans la prairie une fumée verte dansait près d’une petite mare. Parfaitement immobile sur le muret en pierres du jardin, un chat la regardait. L’observait de ses yeux malins. Un chat noir qui s’appelait Pissenlit. Ce chat n’était pas né de la dernière pluie. C’était un vieux chat qui avait déjà vécu plusieurs vies. Cette curieuse fumée verte, le matou savait ce que c’était. Il en avait déjà vu. Et bien des fois. Il faut le savoir, concernant les phénomènes étranges de notre monde, les chats sont souvent  plus instruits que les humains. Les chats sont plus observateurs. L’animal à moustaches regardait son maître se diriger comme un somnambule dans la direction de la fumée verte. Pissenlit aurait bien aimé lui expliquer, lui dire que c’était sûrement dangereux de s’approcher. Mais il était déjà trop tard, François Frechard était à deux pas de la petite mare. Ma foi, ce n’était pas tous les soirs qu’on pouvait rencontrer un esprit follet. Bien des hommes ne vivront jamais d’aventures aussi fabuleuses. Ces créatures fantasques ne se montrent pas si souvent. Les Follets n’aiment guère la compagnie des humains. Pour eux les humains d’aujourd’hui sont trop balourds, trop réel, trop terre à terre. Ils ont du mal à croire aux créatures surnaturelles. François n’a même pas ralenti quand il a marché sur un sol marécageux. Une terre molle où François s’est enfoncé peu à peu alors que la fumée verte dansait joyeusement autour de lui. Maintenant il était définitivement  piégé. Il lui semblait qu’on le tirait par les pieds, que de petites mains glacées l’attiraient dans les profondeurs. L’air hébété, il ne se débattait même pas. Alors en moins de cinq minutes cet homme disparut de la surface de la terre.  C’est ainsi que François Frechard connu son dernier soir d’été.

Plus tard, bien plus tard, son cas fut classé par la gendarmerie dans la catégorie des disparitions inexpliquée. Contre toute attente François Frechard  devint un mystère. Personne au village  n’a jamais sut ce qui lui était arrivé, sauf un témoin du nom de Pissenlit, mais les gendarmes n’ont pas daigné l’interroger.

C’est bien dommage car Pissenlit, je peux en témoigner, est un sacré raconteur d’histoires...

 

La fumée verte, Hervé Thiry-Duval, 8 mars 2014.

 

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Voir également : http://lajumentverte.wix.com/association