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20/03/2014

La mort d'une légende locale…

Le texte reproduit ci-dessous est l'oeuvre de Messieurs Alain Goy & Cyril Kempfer,

et constituait l’éditorial du périodique HEBDO 39 (Lons-le-Saunier)

en date du lundi 17 mars 2014.

 

 

Disparition de la borne des quatre commandeurs

La mort d'une légende locale…

 

La forêt de Chaux est terre de légendes.

Peuplée de Vouivres, de Fouletots, du cheval Gauvain ou du lièvre sorcier, sa richesse dans le domaine des contes et des légendes est exceptionnelle. A travers les siècles, les conteurs s’en sont fait écho et ont colporté ce patrimoine oral remarquable. La plus célèbre de ces légendes est sans nul doute celle de la « borne des quatre commandeurs » car elle se superpose avec l’histoire de France.

 

Le temple

Nous avons la chance de posséder dans notre département, au lieu-dit « Le Temple » qui s’appelait autrefois « Saint Denis », l’une des 3000 commanderies de l’ordre Templier, qui tissait alors son influence sur l’Europe avant d’aller assurer la sécurité des pèlerins sur les routes de Jérusalem.

Cet établissement serait l’un des plus anciens détenus par cet ordre religieux et militaire créé par Hugues de Payns et Geoffroi de Saint-Omer en 1118.

Cette commanderie, installée proche d’une courbe du Doubs et dépendant aujourd’hui du village de Falletans, accueillit les personnages les plus influents de leur époque : Frédéric Barberousse et son épouse Béatrix en 1180 ou Etienne de Chalon en 1213. De la construction primitive, il n’en reste plus grand chose, mais une pierre avait malgré tout résisté aux vicissitudes du temps.

 

Une borne

Cette pierre bien modeste présentait 4 faces, orientées vis-à-vis des quatre points cardinaux, dont trois de celles-ci étaient ornées de têtes sculptées. Le temps et le gel en avaient érodé les traits mais ces visages représentaient les commandeurs qui avaient marqué l’histoire de l’ordre. La quatrième face de la pierre, laissée libre de toute sculpture et orientée vers l’ouest, connaissait un phénomène qui ne se produisait qu’une fois par siècle…

 

Un phénomène séculaire

En effet, il se disait qu’en l’an 14 de chaque siècle, au jour anniversaire de la mort de Jacques de Molay, dernier grand maître du Temple, à l’heure précise où il expira sur le bûcher, les rayons du soleil déclinant venaient dessiner son visage sur la borne, qui possédaient alors, et pour quelques minutes seulement, son quatrième et énigmatique visage, d’où son nom.

Depuis des siècles, les conteurs de la région transmettaient cette légende et l’événement était attendu, la 14ème année de chaque siècle, le 18 mars à 17 heures précises. Notre rédaction comptait bien sûr assister à l’événement…

 

Une déplorable disparition

Le président de l’association des villages de la forêt de Chaux, Alain Goy, secondé par Robert Francioli, administrateur de l’association, se sont rendus sur les lieux afin de préparer ce rendez-cous et leur surprise fut grande : la propriété avait été vendue et la pierre avait disparu. Qui l’a vendue ou dérobée, pour en faire quoi ? Peu importe…

On ne peut que regretter le peu de cas que les gens de notre époque font des légendes, des traditions populaires et des croyances. Alors qu’elle avait traversé sept siècles sans encombre, cette borne a été victime de l’inculture. Faut-il jeter l’anathème à ceux qui ont commis cet acte irréparable ? 

Une chose est sûre, c’est que cette légende n’a plus aujourd’hui de point d’ancrage et ne pourra plus être qu’une suite de mots errants. Petit à petit les mots se dilueront dans le vent et les conteurs ne colporteront plus cette légende. Désormais il n’y aura plus de rassemblement au temple le 18 mars. Si Paris valait bien une messe, la « borne des quatre commandeurs », pour tout ce qu’elle représentait, valait bien un éditorial…

 

Alain GoyCyril Kempfer, pour HEBDO 39 (Lons-le-Saunier), lundi 17 mars 2014.

http://dole-auxonne.hebdo39.fr/article-edito,2111.htm

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