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28/03/2015

Le Fantastique solognot de Claude Seignolle

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Claude SEIGNOLLE : « Marie la Louve »

 

« Sologne, fin du XIXe siècle. Belle, aimée des siens, Marie est un de ces êtres qui ensoleillent l'existence. Elle a, dit-on, le « pouvoir » de guérir les morsures de loup… L'avenir lui sourit. Elle va célébrer la Saint-Jean avec celui qu'elle aime. Mais lors de cette longue nuit de liesse où les passions et les rancœurs s'exacerbent, l'existence de la jeune fille bascule… Nourrie de mensonges malveillants, la rumeur, que les vents d'hiver semblaient avoir enfoui dans les eaux dormantes des marécages, se réveille, s'embrase et colporte que Marie est l'incarnation du Mal… Ce drame poétique narré avec talent séduit et effraie, la bassesse humaine s'y révélant plus redoutable que les forces occultes. »

Un chef d’œuvre absolu… du Maître absolu de ce fantastique « sorcier, sombre et rural » qui fit sa légende. Lawrence Durrell, qui révéla hors de chez nous l'œuvre de Claude Seignolle, n'hésitait pas à voir en lui le plus grand conteur fantastique de notre siècle. Opinion partagée par Cendrars, Mac Orlan, Hubert Juin et quelques autres.

 

France Loisirs / 1988 / 173 pages / 20,5  x 14 cms / 300 grammes.

Belle reliure cartonnée à l’ancienne, façon papier marbré « à la cuve ».

Etat = Quelques menues traces de manipulation(s) sur la jaquette, ainsi que 2 ou 3 petites rousseurs sur la tranche papier supérieure… sans quoi la reliure et l’intérieur (propre et sain) sont en excellent état.

Bel exemplaire >>> 3 €uros. / disponible.

 

Claude SEIGNOLLE : « Le diable en sabots »

 

C’est ici le Seignolle des campagnes d’antan (la Sologne, le Berri de nos grands-pères) qui nous guide, par des sentiers de lui seul connus, jusqu’aux lisières de la peur : jusqu’à ces carrefours incertains où les fantômes de la légende prêtent soudain leurs traits à des êtres familiers.

Des êtres faits de la même chair et du même sang que nous.

L’étrange forgeron qui s’installe dans le village va, par son allure inquiétante, sa force herculéenne, et par les étranges pouvoirs qu’on lui prête, réveiller la hantise des maléfices chez les habitants et les conduire au meurtre. Un étrange oiseau nocturne sème la terreur : par ses cris il attire irrésistiblement les curieux vers un marais où ils s’enlisent. Une créature chimérique hante les nuits berrichonnes, n’incite-t-elle pas l’homme à devenir une bête sauvage ?…

Autant de récits surprenants où Claude Seignolle envoûte le lecteur par la puissance et l’originalité de ses thèmes alliées à un style charnu et poétique.

 

France Loisirs – 1991 – 189 pages – 20,5 x 13,5 cms – 320 grammes.

Reliure cartonnée recouverte d’un papier marbré, auteur et titre en doré sur tranche, jaquette couleurs.

Etat = quelques petites marques d’usage sur la jaquette, des extrémités de tranche reliure un peu « talée », mais rien de bien grave… l’ensemble est tout à fait O.K, l’intérieur est propre, sain et toujours bien blanc… et l’exemplaire tout à fait bon pour le service !

>>> 2,80 €uros. / disponible.

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Claude SEIGNOLLE : « La gueule »

 

Dans la gueule, livre écrit et publié (1959) sous l’impulsion de son ami Blaise Cendrars, Claude Seignolle raconte notamment les années terribles de la Seconde Guerre Mondiale, de sa captivité en Allemagne nazie à la résistance en pleine Sologne sauvage.

A partir de récits et de souvenirs très personnels, Claude Seignolle nous emporte dans des univers à la limite du fantastique. Sa verve de conteur et le don de l’étrange qu’on lui connaît donnent aux événements du quotidien une dimension quasi surnaturelle.

Ainsi les soldats allemands deviennent des loups verts, dont les crocs luisent dans l’obscurité… De même, dans le récit de la capture d’une patrouille allemande en déroute grâce à une gamelle de patates, Claude Seignolle invente un genre nouveau, le fantastique burlesque.

Souvent le cauchemar tient lieu de réalité. La peur, la détresse, la folie ne résistent pas cependant à un rire intérieur qui fait foi en la vie. Car La Gueule, c’est la faim, la faim terrible qui prend l’homme au ventre, qui pousse à toutes les folies, comme un dernier instinct de survie ou de revanche.

Cette première partie de La Gueule, se poursuit en Suède, où Claude Seignolle est invité à un repas gargantuesque, dont le récit est ponctué de souvenirs de la France affamée de l’immédiate après-guerre. Enfin, on retrouve notre narrateur au Maroc, où c’est la soif et ses hallucinations qui lui tiendront le ventre… et la Gueule !

Prix Paul-Féval de littérature populaire 1999.

 

France Loisirs – 1999 – 252 pages – 20 x 13 cms – 280 grammes.

Reliure souple, avec jaquette (couleurs) de protection reprenant l’illustration de couv’.

Etat = excellent ! Nous n’irons pas jusqu’à écrire "comme neuf " vu qu’en regardant bien, en lumière rasante, on arrivera toujours à trouver une ou deux traçounettes sur la jaquette, mais on en est tout de même pas loin ! Disons euh… « très bon + » !!!

>>> 3 €uros. / disponible. 

 

Claude SEIGNOLLE : « La malvenue »  

 

Dans une ferme de Sologne, où la vie se résume aux durs travaux des champs, naît, au début du siècle, Jeanne Moarc'h, de la Noue, dite la Malvenue, en raison d'une étoile rouge qui la marque au front. La beauté et les désirs de l'adolescente qu'elle devient ne sont pas à la mesure commune; à tous ceux qui l'approchent, elle impose son pouvoir ensorceleur et la sensualité qui escorte chacun de ses gestes va bouleverser le monde où elle se meut. Une suite d'événements tragiques va se produire dans le sillage de la Malvenue...

 

France Loisirs - 1989 - 242 pages - 20,5 x 14 cm - 340 grammes.

Reliure cartonnée marron, avec titre et nom d’auteur sur tranche + jaquette en couleurs.

Bon état, quelques infimes marques de manip’ et/ou stockage sur la jaquette, mais trois fois rien de chez trois fois rien ! Reliure en excellent état, intérieur parfait, tout à fait bon pour le service !

>>> 3 €uros. / disponible. 

 

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08/04/2014

Lou Drapé

LOU DRAPÉ, cheval maléfique 

 

À Aigues-Mortes, on raconte qu'à la nuit tombée, un cheval fabuleux traverse la ville, invitant les enfants égarés à monter sur sa croupe. Il s'appelle lou Drapé et aurait ainsi emporté sur son dos plusieurs centaines de victimes.

 

En 1818, l’écrivain Jacques Albin Simon Collin de Plancy dédie une page au cheval légendaire d'Aigues-Mortes dans son Dictionnaire infernal. Diabolique, il est décrit comme « la terreur des enfants, qui les retient un peu sous l’aile de leurs parents et réprime la négligence des mères ». Et pour cause ; lorsqu il passe dans les rues le coursier ramasse sur son dos tous les enfants égarés. Cheval fantastique, sa croupe s’allonge encore et encore afin d’en porter jusqu'à cent ! Alors il emmène ses jeunes cavaliers à vive allure. Vers quelle destination ? La réponse demeure un mystère…

 

Sombre présage...

Depuis les civilisations les plus anciennes le cheval détient le rôle de psychopompe. C'est lui, l’animal chargé de transporter les vivants vers le royaume des morts. C'est lui encore, qui pendant longtemps menait les convois funèbres au son du glas. Dans certaines cultures archaïques, l’idéogramme représentant le cheval signifie également « mort ». La symbolique du cheval est double. Solaire il est aussi intimement lié au monde des ténèbres. Depuis l'Antiquité, certains coursiers sont ainsi appelés « chevaux de la mort » ou « présage de mort ». Les voir ou les entendre porte malheur et annonce une fin imminente. Ainsi Homère dans L’Iliade, raconte-t-il le moment ou Xanthos, l’une des fidèles montures du héros Achille prévient son maître de sa mort prochaine, tel un devin. Mais certains chevaux ne sont pas seulement les messagers de la grande faucheuse, ils en sont les attributs. Dès lors ils provoquent eux-mêmes le décès. Ainsi lou Drapé appartient-il a cette sombre famille de chevaux funestes. Il en porte la robe blême, celle du quatrième cheval de l’Apocalypse, rappelant la couleur du suaire ou du fantôme. Mais ce n'est pas tout, blanche est également la robe de « tous les chevaux néfastes complices des eaux tourbillonnantes que l'on rencontre dans le folklore franco-allemand » (Jean Chevalier et A. Gheerbrant : Dictionnaire des Symboles / Robert Laffont 2004).

 

Au fil de l'eau...

Le cheval et l'eau partagent une étrange et maléfique complicité. Ainsi, la présence de lou Drapé dans une zone marécageuse n’est pas le fruit du hasard. Car il n'est pas un simple cheval fantôme. Sa personnalité est bien plus complexe. Dans le Midi de la France, les dracs sont des génies généralement malfaisants, qui hantent les eaux. Ils se présentent aux humains sous de multiples figures pour les séduire et les mener à leur perte. Et le cheval est l’une des formes qu’ils adoptent le plus souvent. Ainsi à la nuit tombée lorsque une vapeur monte des eaux, « les silhouettes du lutin et du cheval tendent à se confondre et a se fondre en un seul personnage dont le rôle est d’égarer, d’effrayer et de précipiter dans quelque mare ou rivière ceux qui les montent » (Jean Michel Doulet : Quand les démons enlevaient des enfants / Presses de l’Université de Paris Sorbonne, 2002). Lou Drapé n’est pas le seul exemple du genre. Citons ainsi le cas du drac du Cantal, apparaissant tel un magnifique cheval blanc qui ramasse les voyageurs sur son dos avant de les noyer dans l’Alagnon.

 

Destination finale...

Mais revenons à lou Drapé. Où disparaît-il donc une fois le méfait accompli ? Que fait-il des enfants attirés par la musique de ses sabots frappant le sol au rythme d’un petit trot ?

Les écrivains, passeurs de la tradition, ne sont pas tous d’accord sur le sujet. Certains parlent d’un « mystérieux royaume » (Catherine Rager : Dictionnaire des fées et du peuple invisible dans l’occident païen / éditions Brepols 2003) où les enfants seraient tenus prisonniers à jamais. D’autres, plus pessimistes ou réalistes, affirment que lou Drapé les emmène jusqu’aux terribles sables mouvants des marécages alentour (Bernard Sergent : Le guide de la France mythologique / éditions Payot 2007). II faut dire qu'aux pieds du village, le fleuve côtier du Vidourle est connu pour ses débordements et autres dangereux caprices…

Au regard des précédentes révélations sur l’importance du cheval dans les symboliques, il semble que le coursier d’Aigues-Mortes mène ses cavaliers vers l'au-delà… Un au-delà effrayant sous la plume de certains auteurs, exalté par d'autres. Ainsi, Catherine Rager compare-t-elle la légende de lou Drapé au célèbre film d'Albert Lamorisse, Crin Blanc. Peut-être le cheval, comme le peut Camarguais du septième art, sauverait-il les enfants et autres orphelins trouvés sur les routes d’un monde cruel qui ne voudrait pas d’eux. En les enlevant, il leur offrirait alors la possibilité d’atteindre un pays où « les enfants et les chevaux sont toujours amis » (Catherine Rager)…

Lou Drapé reste un mystère qui hante la Camargue. Aujourd’hui encore une comptine résonne dans les rues d’Aigues-Mortes, mettant en garde les enfants du diabolique coursier. « Qui

montera lou Drapé / Toi ou moi / Celui que lou Drapé emportera / Ce sera toi ! »

 

GRAND PRIX Magazine / Septembre 2010.

( Source 

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Lou Drapé, le cheval-fantôme d’Aigues-Mortes.

 

Par Amélie Tsaag Valren

Pôle mythes et légendes de la Fédération Française Médiévale.

 

La maman du Gard dit a son bambin « lou Drapé, garde t'en bien ! » dans la langue chantante du pays. Au cœur des marécages de la Petite Camargue se dresse Aigues-Mortes, ville de mortes-eaux désormais blottie derrière ses remparts. A cette époque, on ne peut étendre un bras nu plus de trois secondes dans la rue sans qu’il se couvre d’une marée grouillante de moustiques, de dardargnans aiguilleurs à la soif de sang aiguisée ! Bien avant que la vague touristique ne s’en vienne, bien avant que l'homme n'enfouisse la nature sauvage sous de luxueuses résidences de vacances, bien avant qu'il ne domestique les derniers Crin-Blanc « divaguant » hors des enclos. Nous sommes au XIXe siècle, à l'époque où les rues du Gard, pas encore éclairées, sont chaque nuit le théâtre d'un grand ballet de dangereux esprits.

 

« Qui montera lou Drapé ? Toi ou moi ?

Celui que lou Drapé emportera, ce sera toi ! »

 

Cette comptine est chantée par les enfants qui jouent entre eux après le dîner. Que la nuit étende son voile, qu'ils partent se coucher et parfois, une musique charmeuse naît derrière les remparts. Les enfants s’éveillent, seuls, ils perçoivent cette mélodie que leurs parents ont oubliée depuis plus d’une décennie. Ils quittent leurs maisons en silence, bras étendus en avant, yeux clos, ils marchent, ils marchent et ne sentent ni le sol écorcher leurs pieds ni l'armée des moustiques percer leur peau. Parvenus aux portes de la ville, ils s’arrêtent et guettent le passage d’un grand cheval blanc. La musique des sabots de Lou drapé exerce sur eux cet irrésistible attrait.

  

Il gagne les marais du Grau du Roi…

Le cheval fantôme vient à passer et prend sur son dos tous les enfants égarés, les uns après les autres. Qu’il manque de place et sa croupe, d'abord de taille ordinaire, s'allonge pour en contenir cinquante et cent ! Échevelé, il repart au grand galop lorsqu’il juge sa charge suffisante. Où conduit-il les enfants ? D’aucuns disent qu’il gagne les marais du Grau-du-Roi, mais qu'en savent-ils ? Ceux que prend lou Drapé en croupe n'en reviennent jamais plus. Certains parents pensent que leurs bambins disparaissent un temps seulement au pays des fées, celui où Crin-Blanc a conduit le jeune Folco, cet Autre Monde, proche et lointain. Ils en reviennent beaucoup plus tard, un peu fadas, légèrement enfadés. Un peu "fous", en bon françois. Suffisamment fous, en tout cas, pour dire haut et fort : "je crois aux chevaux-fée, j'en ai même rencontré !".  

Pour l’elficologue Pétrus Barbygère (avatar, paraît-il, du respectable écrivain Pierre Dubois), arpenteur de ces mondes étranges et connaisseurs de leurs secrets, lou Drapé est le cousin des chevaux-fée, blêmes juments et Mallets, bians chevaux et blanques juments, une foule cavalante et écumante en différents patois contée. Venus de la mer et des eaux, ces chevaux-fée sont redevenus sauvages quand les hommes ont oublié la bonne façon de les apprivoiser. (Moins poétiquement, ils proviennent du souvenir de sacrifices équins aux divinités mineures régissant les eaux, des pratiques disparues avec l'arrivée du Christianisme en Europe occidentale).

Si l'on s'appuie sur l'étymologie proposée par Frédéric Mistral, "drapet, draquet", soit "petit drac", lou Drapé est sans doute aucun une créature déguisée, drapée dans un suaire, comme un fantôme ! Pour Jacques de Boez, il symbolise le courage du cheval qui jamais ne recule devant l’ouvrage ni n’abandonne son travail. Voilà qui serait curieux, car lou Drapé est en vérité un drac, à n’en point douter !

 

Drac ?…

Au Sud de la Loire, toute créature un peu fantastique peut s'appeler ainsi ! Multiforme, parfois dragon, parfois lutin ou encore loup-garou, démon de l'eau ou engeance du Diable, le drac apparaît aussi sous la forme du cheval. Le Dictionnaire des symboles le cite d’ailleurs comme un « beau cheval blanc qui saisit les voyageurs pour les noyer dans le Doubs », même s'il ne s'agit là que d'une des multiples formes qu'il revêt. Car le drac, c'est l'eau sauvage, l'eau qui déborde, l'eau qui serpente et parfois se fâche et se fiche - "floutch !" - des barrages et retenues comme d'une guigne. L'eau qui fait ce qui lui plaît, irriguant là, noyant ici ! 

Les Aigues-mortais ont oublié lou Drapé depuis bien longtemps. Les enfants ne savent plus rien de lui ! Le célèbre Collin de Plancy, collecteur puis pourfendeur des traditions populaires, en parle dans son Dictionnaire infernal. En 1856, Jean-Paul Migne, associé de ce dernier, fait de même dans l’Encyclopédie théologique : « C'est comme le croque-mitaine des Parisiens et l'ogre du Petit Poucet de Perrault. […] Lou Drapé est donc non-seulement pour les bambins un objet de terreur, mais encore le thème de leurs plus sérieux commentaires. » 

Il était bien connu au milieu du XIXème, notre lou Drapé, et même après. Paul Sébillot, collecteur des traditions populaires à la charnière des XIXème et XXème siècles, est curieusement muet à son sujet, dans cette immense série d'ouvrages composant Le Folklore de France. Cent cinquante ans plus tard, il ne reste absolument rien de cet étrange cheval-fée.

 

Le témoignage invisible d'une nature Camarguaise crainte et respectée…

Par hasard, cette légende est la première dont j'ai cherché à collecter le souvenir. Que le Vidourle soit devenu trop sage, que les marais soient domestiqués, que l’automobile, le tracteur et l'éclairage public l'aient chassé, lou Drapé n'est plus ! 

Que perd-t-on, en cessant de transmettre ces vieilles légendes ? Bien des choses… l'imagination, la mémoire des lieux, le lien à la terre, la connaissance du sol que l'on foule, la capacité à rêver devant la beauté des paysages (du Sud ou d'ailleurs), le mystère de sa monture, et par dessus tout… le respect envers la nature. Car lou Drapé, pour terrifiant qu'il soit, est le témoignage invisible d'une nature Camarguaise crainte et respectée. Une Camargue qui n'existe plus, celle qu'arpentaient de libres troupeaux sauvages. Le témoignage d'un monde passé, touchant au cœur ceux qui prennent le temps de le rêver. Le temps de l'imaginer.

 

Source : Cheval Savoir

http://www.cheval-savoir.com/974-lou-drape-cheval-fantome-aigues-mortes 

Voir aussi : http://www.fabyrinthe.com/

 

N.B : Cet article fait partie d'un ouvrage en recherche d'éditeur.

 

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(Source Photographique)

 

29/03/2014

Le Féericologue (Journal d’un Chasseur de Fées)

http://lefeericologue.blogspot.fr/

 

Fans de Vincenot, Seignolle ou Machen, voyageurs ayant visa permanent pour les Terres du Rêve et les royaumes de Féérie, amis et amies du « Petit Peuple »… vous qui, comme nous, n’avez jamais oublié ces chemins de mystères où savent si bien nous mener nos âme d’enfant… ne manquez pas de rendre visite au « Féericologue (Journal d’un Chasseur de Fées) », le blog d'Hervé Thiry-Duval… le conteur amoureux de ces « monstres et merveilles » qui vivent au quotidien parmi nos ombres.

 

Morceau choisi :  

 

C’était il y a quelques années. Un beau soir de fin été.  Peu à peu les oiseaux d’alentour avaient finit de se souhaiter une bonne nuit. Un doux silence régnait maintenant sur la campagne.  Il faisait bon. Les infatigables grillons nocturnes ne s’étaient pas encore mis à chanter. Les premières étoiles apparaissaient dans le ciel bleu sombre pour y dessiner des constellations qu’on n’avait encore jamais remarqué. Un tout petit vent léger parfumait l’air de senteurs sucrées. Ça sentait le miel et la framboise.  Par un soir pareil, personne n’avait envie de s’enfermer dans une maison. Personne n’avait envie d’aller dormir, de peur que demain la vie semble moins belle. Moins vivante. C’était il y a quelques années.  Aux temps des grandes vacances. Du farniente. Un de ces soirs terrestres qui nous fait croire aux douceurs du paradis.

Un de ces soirs magiques qu’on aimerait pouvoir vivre éternellement.

Comme tous les autres habitants de la région, François Frechard profitait de ces instants si précieux. Pour tout vous dire, c’était bien rare qu’il délaisse sa télévision mais cette fois-là même lui avait sentit que c’était un soir d’été à ne pas rater. Assis sur un vieux banc de pierre devant sa maison, il contemplait en solitaire les derniers feux du soleil qui se couchait derrière les collines. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait assisté à quelque chose d’aussi merveilleux. François Frechard resta encore un bon moment sur son banc  à rêvasser. Et puis, il  allait tout de même se décider à rentrer chez lui quand son regard se posa sur le grand champ qui faisait face à sa maison.

Là,  imperceptiblement une sorte de fumée est apparut. Une fumée verte s’est dressée au beau milieu de cette grande prairie d’herbes sauvages. Elle s’est mise à danser, presque certaine de pas être vu. Pourtant François Frechard  l’observait. Il la mangeait du regard. C’était si inattendu, si surprenant. Il n’avait jamais vu une chose comme çà. Même dans sa télévision. En dansant cette drôle de fumée prenait de vagues formes féminines. C’est alors que la fumée verte a augmenté la dose d’extraordinaire. Dans l’air du soir, elle a tout doucement murmuré : François… François… en entendant son prénom l’homme s’est levé de son banc comme un automate.  L’air encore plus ahuri qu’à l’ordinaire, François a commencé à se diriger vers la prairie. Là où de l’incroyable l’appelait.

C’était il y a quelques années. Un beau soir de fin été. Dans la prairie une fumée verte dansait près d’une petite mare. Parfaitement immobile sur le muret en pierres du jardin, un chat la regardait. L’observait de ses yeux malins. Un chat noir qui s’appelait Pissenlit. Ce chat n’était pas né de la dernière pluie. C’était un vieux chat qui avait déjà vécu plusieurs vies. Cette curieuse fumée verte, le matou savait ce que c’était. Il en avait déjà vu. Et bien des fois. Il faut le savoir, concernant les phénomènes étranges de notre monde, les chats sont souvent  plus instruits que les humains. Les chats sont plus observateurs. L’animal à moustaches regardait son maître se diriger comme un somnambule dans la direction de la fumée verte. Pissenlit aurait bien aimé lui expliquer, lui dire que c’était sûrement dangereux de s’approcher. Mais il était déjà trop tard, François Frechard était à deux pas de la petite mare. Ma foi, ce n’était pas tous les soirs qu’on pouvait rencontrer un esprit follet. Bien des hommes ne vivront jamais d’aventures aussi fabuleuses. Ces créatures fantasques ne se montrent pas si souvent. Les Follets n’aiment guère la compagnie des humains. Pour eux les humains d’aujourd’hui sont trop balourds, trop réel, trop terre à terre. Ils ont du mal à croire aux créatures surnaturelles. François n’a même pas ralenti quand il a marché sur un sol marécageux. Une terre molle où François s’est enfoncé peu à peu alors que la fumée verte dansait joyeusement autour de lui. Maintenant il était définitivement  piégé. Il lui semblait qu’on le tirait par les pieds, que de petites mains glacées l’attiraient dans les profondeurs. L’air hébété, il ne se débattait même pas. Alors en moins de cinq minutes cet homme disparut de la surface de la terre.  C’est ainsi que François Frechard connu son dernier soir d’été.

Plus tard, bien plus tard, son cas fut classé par la gendarmerie dans la catégorie des disparitions inexpliquée. Contre toute attente François Frechard  devint un mystère. Personne au village  n’a jamais sut ce qui lui était arrivé, sauf un témoin du nom de Pissenlit, mais les gendarmes n’ont pas daigné l’interroger.

C’est bien dommage car Pissenlit, je peux en témoigner, est un sacré raconteur d’histoires...

 

La fumée verte, Hervé Thiry-Duval, 8 mars 2014.

 

http://lefeericologue.blogspot.fr/2014/03/la-fumee-verte.html

 

http://lefeericologue.blogspot.fr/

 

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Voir également : http://lajumentverte.wix.com/association

 

27/03/2014

Le Fantastique sorcier, sombre et rural, de Claude Seignolle.

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Claude SEIGNOLLE : « Marie la Louve »

 

« Sologne, fin du XIXe siècle. Belle, aimée des siens, Marie est un de ces êtres qui ensoleillent l'existence. Elle a, dit-on, le « pouvoir » de guérir les morsures de loup… L'avenir lui sourit. Elle va célébrer la Saint-Jean avec celui qu'elle aime. Mais lors de cette longue nuit de liesse où les passions et les rancœurs s'exacerbent, l'existence de la jeune fille bascule… Nourrie de mensonges malveillants, la rumeur, que les vents d'hiver semblaient avoir enfoui dans les eaux dormantes des marécages, se réveille, s'embrase et colporte que Marie est l'incarnation du Mal… Ce drame poétique narré avec talent séduit et effraie, la bassesse humaine s'y révélant plus redoutable que les forces occultes. »

Un chef d’œuvre absolu… du Maître absolu de ce fantastique « sorcier, sombre et rural » qui fit sa légende. Lawrence Durrell, qui révéla hors de chez nous l'œuvre  de Claude Seignolle, n'hésitait pas à voir en lui le plus grand conteur fantastique de notre siècle. Opinion partagée par Cendrars, Mac Orlan, Hubert Juin et quelques autres.

 

France Loisirs / 1988 / 173 pages / 20,5  x 14 cms / 300 grammes.

Belle reliure cartonnée à l’ancienne, façon papier marbré « à la cuve ».

Marques de manipulations et stockage sur la jaquette, ainsi qu’un bas de tranche très légèrement frotté, mais intérieur comme nickel, sain et propre.

>>> 3,50 €uros. / Vendu !

 

Ou :

France Loisirs / 1988 / 173 pages / 20,5  x 14 cms / 300 grammes.

Belle reliure cartonnée à l’ancienne, façon papier marbré « à la cuve ».

Etat = Quelques menues traces de manipulation(s) sur la jaquette, ainsi que deux ou trois petites rousseurs sur la tranche papier supérieure… sans quoi la reliure et l’intérieur (propre et sain) sont en excellent état. Bel exemplaire.

>>> 3 €uros. / disponible. 

 

Egalement disponible :

Un autre exemplaire (même année / même édition), à l’extérieur en moins bon état (une nette pliure sur la tranche d’une jaquette assez marquée, ainsi qu’une tranche reliure « talée » sur le haut et présentant une petite déchirure (3 mm) sur le bas…), mais à l’intérieur lui aussi excellent.

>>> 2 €uros. / disponible.

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20/03/2014

La mort d'une légende locale…

Le texte reproduit ci-dessous est l'oeuvre de Messieurs Alain Goy & Cyril Kempfer,

et constituait l’éditorial du périodique HEBDO 39 (Lons-le-Saunier)

en date du lundi 17 mars 2014.

 

 

Disparition de la borne des quatre commandeurs

La mort d'une légende locale…

 

La forêt de Chaux est terre de légendes.

Peuplée de Vouivres, de Fouletots, du cheval Gauvain ou du lièvre sorcier, sa richesse dans le domaine des contes et des légendes est exceptionnelle. A travers les siècles, les conteurs s’en sont fait écho et ont colporté ce patrimoine oral remarquable. La plus célèbre de ces légendes est sans nul doute celle de la « borne des quatre commandeurs » car elle se superpose avec l’histoire de France.

 

Le temple

Nous avons la chance de posséder dans notre département, au lieu-dit « Le Temple » qui s’appelait autrefois « Saint Denis », l’une des 3000 commanderies de l’ordre Templier, qui tissait alors son influence sur l’Europe avant d’aller assurer la sécurité des pèlerins sur les routes de Jérusalem.

Cet établissement serait l’un des plus anciens détenus par cet ordre religieux et militaire créé par Hugues de Payns et Geoffroi de Saint-Omer en 1118.

Cette commanderie, installée proche d’une courbe du Doubs et dépendant aujourd’hui du village de Falletans, accueillit les personnages les plus influents de leur époque : Frédéric Barberousse et son épouse Béatrix en 1180 ou Etienne de Chalon en 1213. De la construction primitive, il n’en reste plus grand chose, mais une pierre avait malgré tout résisté aux vicissitudes du temps.

 

Une borne

Cette pierre bien modeste présentait 4 faces, orientées vis-à-vis des quatre points cardinaux, dont trois de celles-ci étaient ornées de têtes sculptées. Le temps et le gel en avaient érodé les traits mais ces visages représentaient les commandeurs qui avaient marqué l’histoire de l’ordre. La quatrième face de la pierre, laissée libre de toute sculpture et orientée vers l’ouest, connaissait un phénomène qui ne se produisait qu’une fois par siècle…

 

Un phénomène séculaire

En effet, il se disait qu’en l’an 14 de chaque siècle, au jour anniversaire de la mort de Jacques de Molay, dernier grand maître du Temple, à l’heure précise où il expira sur le bûcher, les rayons du soleil déclinant venaient dessiner son visage sur la borne, qui possédaient alors, et pour quelques minutes seulement, son quatrième et énigmatique visage, d’où son nom.

Depuis des siècles, les conteurs de la région transmettaient cette légende et l’événement était attendu, la 14ème année de chaque siècle, le 18 mars à 17 heures précises. Notre rédaction comptait bien sûr assister à l’événement…

 

Une déplorable disparition

Le président de l’association des villages de la forêt de Chaux, Alain Goy, secondé par Robert Francioli, administrateur de l’association, se sont rendus sur les lieux afin de préparer ce rendez-cous et leur surprise fut grande : la propriété avait été vendue et la pierre avait disparu. Qui l’a vendue ou dérobée, pour en faire quoi ? Peu importe…

On ne peut que regretter le peu de cas que les gens de notre époque font des légendes, des traditions populaires et des croyances. Alors qu’elle avait traversé sept siècles sans encombre, cette borne a été victime de l’inculture. Faut-il jeter l’anathème à ceux qui ont commis cet acte irréparable ? 

Une chose est sûre, c’est que cette légende n’a plus aujourd’hui de point d’ancrage et ne pourra plus être qu’une suite de mots errants. Petit à petit les mots se dilueront dans le vent et les conteurs ne colporteront plus cette légende. Désormais il n’y aura plus de rassemblement au temple le 18 mars. Si Paris valait bien une messe, la « borne des quatre commandeurs », pour tout ce qu’elle représentait, valait bien un éditorial…

 

Alain GoyCyril Kempfer, pour HEBDO 39 (Lons-le-Saunier), lundi 17 mars 2014.

http://dole-auxonne.hebdo39.fr/article-edito,2111.htm

  franche-comté

06/02/2014

Le TOUT Primordial...

Pan, le Tout primordial

 

Dieu des Cultes Pastoraux, Pan possède un corps à moitié humain et à moitié animal. Barbu, velu, cornu, il a des jambes de chèvre aux sabots fendus et des yeux rusés étirés sur les tempes.

C’est un satyre à l’appétit sexuel démesuré, qui assaille indifféremment les nymphes et les jeunes garçons ; à défaut de proies, il se livre à l’onanisme, tant sa sexualité est exigeante. Il vit dans les forêts, et sa couleur est le vert. Son nom, Pan, signifie "Tout", et le Grand Pan désigne le Grand Tout, l’énergie primordiale et féconde propre à l’univers et à la vie, dont l’expression peut être parfois anarchique et chaotique. Il incarne la puissance des éléments de la nature, dont le déchaînement provoque une "peur-panique", signe de l’affolement des sens et de la raison qui saisit quiconque se trouve en contact avec ce dieu avide et désordonné, à notre ressemblance.

L’Eglise catholique romaine, on le comprend, n’a eu aucun mal à métamorphoser un pareil dieu en diable satanique, en bouc cornu des sabbats. Certains auteurs, notamment dans le registre du romantisme noir et du fantastique, ont à leur tour retenu l’assimilation du Grand Pan au diable, en décrivant l’effroi glacé qui saisit l’être humain suffisamment inconscient pour regarder en face ce dieu redoutable.

Cette terreur ressentie par quiconque rencontrait le dieu Pan est au cœur de l’œuvre des grands écrivains du fantastique noir du XXe siècle : citons, entre autres, H.P. Lovecraft et Gustav Meyrink, qui dans son roman Le Visage Vert évoque le mythe du Chidher (ou Chadhir, ou El-Chidr), à savoir "le prophète vert" de la tradition islamique. Chidher, "le Vert", ou encore Huzur dans les traditions ésotériques de l’islam, a bu de l’eau de vie et ne mourra qu’au son de la trompette du Jugement dernier. Il peut être assimilé à l’Hermès Trismégiste égyptien, à saint Jean, au prophète Elie ou encore au dieu Pan.

Il est "l’Homme Vert", à savoir l’homme de chair incarné sur terre, proche de l’état de nature, se régénérant chaque année au printemps jusqu’à ce que, à la fin des temps, il meure à lui-même, en quittant son enveloppe charnelle (symbolisée par le vert) pour accueillir le Messie et se fondre dans la claire lumière de Dieu.

Pan, c’est avant tout le Dieu Vert, celui qui n’a jamais renié ses origines terriennes et sylvestres, c’est le Dieu Sauvage qui se couche au pied des arbres et comprend le langage des oiseaux. C’est le Cornu, dont les deux cornes sont les antennes qui lui permettent de capter les messages du ciel. C’est le Magicien aux pieds agiles, qui souffle dans sa flûte et nous convie à danser autour d’un feu de joie. Pan, c’est le pouvoir de l’enfance et du jeu, la force du rire, la soif de l’amour, la communion avec la nature immense et vierge. Pan, c’est la revanche de la campagne et des forêts sur les villes ; c’est l’état sauvage contre celui de civilisé ; c’est le monde de l’intuition et de "l’éveil" s’opposant à celui de la raison ; c’est la magie contre la science. [...]

Bien que pourchassé par l’Église de Rome, le sabbat des sorcières serait donc moins une hérésie satanique que la manifestation d’une religion pré-chrétienne, s’enracinant aussi bien dans l’Antiquité grecque et romaine que dans les anciens cultes celtiques et germaniques. La sorcière adorant le "diable", rival noir de Dieu, cacherait en réalité une authentique prêtresse de Pan et une adepte du panthéisme, pour laquelle tout est Dieu, car Dieu est partout, dans chaque objet et dans chaque être vivant. Le dieu Pan est partout : dans les hommes, les animaux, les arbres, les plantes, les pierres, le vent qui souffle dans le soir. Pan désigne la gloire de Dieu sur terre. Car le dieu Pan affirme que Tout est Dieu.

 

Extrait de "Sorcières et démons" d’Édouard Brasey,

publié par Pygmalion Éditions en 2000. 

 

Pan-01.jpgPAN / Chatsworth House, North Derbyshire, England.

 ( Source photographique )